Comment choisir une huile essentielle de qualité ? Depuis quelques années, on assiste à un engouement autour des huiles essentielles, signe d’une volonté de retrouver une approche plus naturelle de santé et de bien-être MAIS :
- naturel ne veut pas dire sans danger
- le produit est-il réellement naturel et de qualité ?
En effet, la demande mondiale n’a cessé d’augmenter donc l’offre de marché a suivi. Il est possible de trouver aujourd’hui des huiles essentielles en supermarchés, dans des boutiques de déco, sur des sites de vente discount en ligne… Au détriment de la qualité ! Beaucoup de marques ont fleuri commercialisant des huiles de piètre qualité, voir pire fraudées et frelatées ! Alors comment faire pour choisir une Huile Essentielle de qualité ?
Lire une étiquette d’huile essentielle
Que faut-il chercher comme éléments indispensables devant figurer sur l’étiquette des flacons ? Plusieurs indications doivent figurer, je vous les ai lister sur l’image ci-dessous. Si le nom latin, le nom complet, la partie distillée ou pressée, le mode de culture n’est pas précisé : passez votre chemin !
Arôme, essence, de synthèse ?
Fuyez les mentions « arômes ou de synthèse » qui indiquent qu’il ne s’agit pas d’une extraction naturelle mais des dérivés pouvant être issus de la pétrochimie. Ce ne sont pas des huiles essentielles pures, complètes et naturelles.
Par contre, le terme « essence » indique lui des huiles essentielles obtenues par pression / expression à froid. C’est le procédé utilisé pour les zeste d’agrumes notamment. Le terme essence est le nom scientifique référencé à la pharmacopée européenne et française. Dans le langage courant, on parle indifféremment d’huile essentielle. Mais vous pourrez parfois trouver ce terme sur vos flacons.
Huile essentielle 100% pure et non modifiée
- 100% naturelle = non dénaturée, pas de molécules synthétiques
- 100% pure : non couplée à d’autres HE proches, ou d’autres substances (alcool, solvant, huile végétale)
- 100% intégrale = non modifiée ou amputée (non décolorée, non déterpénée = suppression de certaines molécules chimiques, les terpènes, du totum de l’HE, non rectifiée, non sur-oxydée…)
On peut par exemple trouver des huiles essentielles modifiées sur les marchés comme : - HE sans molécule de limonène qui est allergisante
- * HE sans coumarines pour éviter le risque de photosensibilisation qu’elles impliquent
MAIS ces modifications impactent le TOTUM. Celui-ci représente la composition chimique initiale de l’huile essentielle, toutes les molécules chimiques naturellement présentes et qui s’équilibrent toutes ensemble. En enlevant par exemple le limonène, on supprime aussi la protection qu’il apportait des citrals, des molécules irritantes et dermocaustiques. Ce n’est plus tout à fait la même huile essentielle à la fin et donc pas forcément les mêmes propriétés thérapeutiques. Il peut aussi subsister des traces de solvant utilisé pour les processus de modification.
Le mode de culture et d’obtention
La culture de la plante distillée est importante. S’agit-il d’une culture biologique ? Notez cependant que les huiles essentielles de plantes sauvages ne peuvent avoir de label biologique !
Quel a été le processus de distillation ? Celui-ci comporte en effet des points essentiels.
SAVOIR-FAIRE du cultivateur + du distillateur !
– moment optimal de croissance de la plante et
– moment optimal de cueillette (matin, soir…)
– état de la plante à son arrivée à la distillerie (fraîcheur)
– matériel de distillation (cuve inox ou cuivre, propreté…)
– savoir-faire du distillateur : chaque plante à ses caractéristiques à déterminer pour trouver la bonne température de distillation, et le temps de distillation…
Il est essentiel de se tourner vers des huiles essentielles dont vous êtes sûrs de la qualité, issues de l’agriculture biologique si extraites de plantes cultivées (même si l’application du label bio n’est pas suffisant et pas possible pour toutes) – c’est-à-dire sans pesticides et engrais chimiques qui vont se retrouver aussi dans le flacon.
La notion de chémotype
Lire l’article sur la définition de chémotype.
Une notion essentielle en aromathérapie. Il est indispensable de savoir à quoi elle correspond et où trouver l’information avant tout achat d’une huile essentielle. Il est lié aux propriétés de l’huile essentielle en question !
Parfois abrégé CT ou CH
Quid des labels et mentions de qualité ?
Je vous ai rédigé un article dédié sur ce sujet qui est utile aussi pour le choix des plantes et des cosmétiques ! En ce qui concerne plus spécifiquement les huiles essentielles, il est possible de trouver sur les flacons plusieurs mentions. Parmi elles: HECT, HEBBD, QBI, EOBBD.
Que faut-il en penser ?
Les contrôles qualité pour attester d’une bonne huile essentielle
Les niveaux de qualité des huiles essentielles
Les différents niveaux de qualité sur le marché
- Qualité très moyenne ou douteuse : mélanges de plusieurs espèces non certifiées, de différentes récoltes, des plantes récoltées sans contrôle du meilleur moment de récolte, distillées incomplètement trop rapidement pour réduire les coûts de production. Voir plus gravement des HE modifiées, rectifiées ou carrément falsifiées (une HE de plante difficile à extraire, rare et chère que l’on remplace par une HE d’une plante moins difficile à produire qui lui ressemble ou en ajoutant des molécules de synthèse, en diluant dans une huile végétale, un solvant. Attention au marketing de réseaux, aux publicités trompeuses…
- Production de qualité industrielle : issues de grosses production où l’on a favorisé le rendement sur la qualité pour répondre à la demande du consommateur. Si l’HE est chémotypée, 100% pure, naturelle : ok après avoir vérifier la marque, ses valeurs, regarder les analyses biochimiques (pas faciles pour tout le monde). Ce sont des huiles essentielles ok pour un usage « basique » mais pas pour de l’émotionnel, pour réaliser une belle pause olfactive pour la détente, le sommeil…
- Qualité « 3 étoiles » : les plus belles huiles essentielles, de qualité thérapeutique (physique et psychique). Souvent issues de petits producteurs, cultivateurs, distillateurs locaux au savoir-faire unique. Ils ont une connaissance parfaite de la plante, du meilleur moment de récolte, de la distillation. Ils respectent aussi leur terroir et les plantes. Cela peut être des huiles plus onéreuses à l’achat, même si ce n’est pas toujours vrai. Gardez cependant à l’esprit qu’une huile essentielle à 3 euros ce n’est pas possible si vous tenez compte de la quantité de plante nécessaire (en kilos voir tonnes) + récolte + distillation + analyses qualité …
Le critère olfactif
Faites aussi confiance à VOTRE NEZ ! Comme pour les goûts ou les couleurs, nous avons différentes préférences sur les odeurs qui ne sont pas les mêmes que notre voisin, et nous sommes aussi en mesure de reconnaitre une huile essentielle qui pique le nez, provoque une barre au niveau des sinus… et distinguer deux huiles essentielles de lavande fine par exemple (l’une très basique et l’une de belle qualité) avec le temps et l’entrainement olfactif. Le meilleur moyen de gagner en confiance dans leur utilisation et leur choix est aussi de se former : n’hésitez pas à participer à un atelier ou formation avec un aromatologue-aromathérapeute formé sérieusement.
N’achetez pas une huile essentielle parce que vous avez lu qu’elle était bien pour gérer son stress. Au delà des propriétés thérapeutiques possibles d’une huile essentielle, il faut qu’elle vous plaise olfactivement ! L’impact des odeurs sur notre cerveau est impressionnant. Je vous explique notamment dans cet article le pouvoir des odeurs. On ne forcera jamais l’utilisation d’une huile essentielle dont l’odeur ne plait pas. Si vous n’aimez pas la lavande, elle peut provoquer l’effet inverse à celui attendu de détente !
Conclusion
Réflexion sur la puissante des huiles essentielles
Les huiles essentielles sont des composés puissants très concentrés : à ne pas utiliser à la légère. Naturels oui mais pas sans risque. Je vous ai détaillé dans un article les précautions d’usage à respecter. Gardez un esprit critique, on peut lire beaucoup de bêtises sur les réseaux sociaux et même sur des livres grand-public…
Réflexion sur l’impact écologique de leur utilisation
Les Huiles Essentielles restent des composés complexes, qui requièrent une quantité de matériel végétal initiale très importante pour être produite. La question écologique a donc toute sa place dans leur utilisation ! Pour moi, le respect de l’Homme et de la Nature est un élément très important. Je privilégie au maximum les plantes locales, produites par de petits producteurs passionnés et consciencieux. Je n’utilise plus d’huiles essentielles issues d’espèces menacées ou protégées. Je vous invite à lire l’article que j’ai écrit sur le développement durable et l’usage des plantes médicinales.
Je me pose aussi toujours la question de leur emploi : pourquoi je veux les utiliser ? puis-je les remplacer par autre chose ou non ? Je vous conseille vivement la lecture du dernier livre du Dr Aline Mercan qui pose aussi cette question : Manuel de Phytothérapie responsable : se soigner sans piller la planète (édition terres vivantes).
Quelles marques choisir finalement ?
Je ne publie pas ou peu de noms de marques dans mes articles et mes posts. Je ne suis pas partenaire d’une marque en particulier et ne touche donc aucune contre-partie quand je cite une marque. Cependant, en consultation, dans mes ateliers, sur demande, il m’arrive de donner des noms de petits producteurs ou de marques dont je suis sûre de la qualité et que j’ai plaisir à recommander pour cela.
J’ai explicité mon point de vue sur ce sujet sur ma page « partenariats professionnels« .
Je ne peux par contre que conseiller de se tourner vers des producteurs et distillateurs passionnés et
passionnants qui travaillent avec passion et savoir-faire pour nous offrir la quintessence de la nature.
Avec éthique, respect de la nature et de l’humain ! J’ai un profond respect pour ces personnes et leur travail que je préfère soutenir plutôt que les grandes marques.
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